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Tokushima : au rythme de l’Awa Odori


Un nouveau chapitre s’ouvre sur notre aventure à Tokushima, la préfecture située à l’est de l’île de Shikoku. Si vous n’avez pas encore lu le premier article dédié à Wakimachi (脇町), n’hésitez pas à le faire en suivant le lien suivant : Wakimachi : traditions et patrimoine de l’époque Edo - Projet-Akebono

Laissant derrière nous Wakimachi et son patrimoine hérité de la période Edo, Ayaka Sakamoto nous emmena dans le centre-ville de Tokushima. Notre premier arrêt fut l’Awa Odori Kaikan (阿波おどり会館). Situé à une dizaine de minutes à pied de la gare de Tokushima, ce lieu est sans conteste un arrêt obligatoire pour en savoir davantage sur l’une des danses les plus emblématique de l’île et je dirais même du Japon, la danse Awa Odori.

Le bâtiment est accessible sur plusieurs niveaux. Le rez-de-chaussée est occupé par une boutique qui regorge de souvenirs en tout genre : confiseries, alcools, artisanat, jeux pour enfants… alors que les étages sont respectivement occupés par un musée, une salle de spectacle et l’entrée d’un téléphérique menant à un point d’observation sur la ville.

Arrêtons-nous un instant sur le musée. Ce dernier permet à tout un chacun d’en apprendre plus sur l’histoire de cette danse traditionnelle mais également de tenter l’expérience au travers de différents jeux de coordination vraiment drôles ! Toutefois, les photos étant autorisées pour un usage personnel mais interdites à la diffusion, je ne pourrai malheureusement pas vous faire profiter de la visite du lieu.

 

Néanmoins, la chaine de télévision TCN, surnommée Télévision Tokushima  (テレビトクシマ), a publié un petit reportage sur le musée et que vous pouvez voir ci-dessous.

Maintenant, passons à un peu d’histoire… L’Awa Odori serait né il y a environ 400 ans. Son origine n’est pas établie avec certitude mais il existe aujourd’hui trois théories.

 

La première avancerait que cette danse serait née en 1586 lorsque la construction du château de Tokushima opérée par Hachisuka Iemasa (蜂須賀 家政), le fondateur du clan de Tokushima, fut terminée. Les habitants auraient alors célébré l’événement en exécutant cette danse.

Statue de Hachisuka Iemasa, le fondateur du clan de Tokushima

La seconde théorie envisage l’origine de la danse d’Awa en tant que Bon Odori (盆踊り) organisée chaque année au cours du septième mois du calendrier lunaire donc vers le mois d’août. Mais qu’est-ce que le Bon Odori ? Même sans savoir ce que c’est, vous en aurez déjà probablement vu des extraits en vidéo ou des photos. En effet, cette tradition est perçue par certains comme l’une des plus emblématique du Japon. Le Bon Odori aurait vu le jour il y a près de 1 000 ans afin d’honorer les ancêtres et de les libérer de leurs tourments. S’incarnant ainsi dans la fête de l’Obon, cette culture traditionnelle s’est largement développée dans tout le Japon et bien que les caractéristiques puissent varier d’une région à l’autre, l’essence même de ces célébrations reste identique. J’aimerais vous en dire davantage sur cette tradition mais revenons-en à notre sujet initial.

 

Enfin, la dernière théorie place l’Awa-Odori comme descendante du Fûryû Odori (風流おどり). À l’origine, au VIIIe siècle, le terme de Fûryû (風流) renvoyait à un idéal esthétique combinant l’élégance et la créativité. Entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle, le Fûryû Odori commença à prendre son essor et certains s’accordent à dire qu’il est lui-même à l’origine du Bon Odori. Au cours du temps, il conserva son essence tandis que les costumes finement ouvragés, les danses et les chants participèrent à transmettre l’histoire et les coutumes locales des différentes régions du Japon.

 

Est-ce que l’une de ces théories est la bonne ? Les recherches nous le diront peut-être un jour !

 

Quoiqu’il en soit, après la visite du musée, il fut temps pour nous de profiter différemment du charme de Tokushima. Nous testâmes alors le ramen éponyme (徳島ラーメン). Ce dernier serait né dans les années 40 et gagna en popularité à partir de 1999, année durant laquelle il fut présenté au musée du ramen de Shin-Yokohama. Ce plat populaire à Tokushima se décline en trois styles de soupes : blanche, jaune et brune. La plus appréciée est la brune, celle que nous essayâmes. Son principal ingrédient est la sauce soja foncée à laquelle est ajoutée du bouillon d’os de porc. Nous accompagnâmes le tout de savoureux gyoza. Tout en regardant un reportage dédié à une star du baseball, nous profitâmes de l’ambiance bonne enfant du restaurant.

Une fois notre repas terminé, il fut alors temps pour nous de se laisser emporter par la spectaculaire danse d’Awa. Nous retournâmes donc à l’Awa Odori Kaikan. Nous nous installâmes au premier rang et nous attendîmes patiemment le début de la performance de la troupe Sasaren (さゝ連).

Classiquement, une troupe porte le nom de Ren (連), il n’est donc pas étonnant que vous pourrez retrouver ce kanji dans la plupart des noms des différents groupes de danse d’Awa. Celle que nous vîmes fait partie des 34 groupes de l’association de promotion de l’Awa Odori qui se démarquent par leur talent et par la même se produisent lors du grand festival d’Awa Odori, des événements nocturnes de l’Awa Odori Kaikan ou encore à l’étranger.

La troupe Sasaren a été fondée en 1960 et porte comme symbole la branche de bambou qui est visible sur les vêtements de ses différents membres. 

Son origine est d’ailleurs intéressante et renvoie à un mythe shintoïste dans lequel Amaterasu, Kami du soleil, s’enferma dans une grotte après avoir été insultée par son frère cadet, Susanowo no mikoto. Cachée dans la cavité de pierre, les habitants de la terre s’affaiblirent sans sa lumière bienfaisante. C’est alors que les Kami décidèrent de la faire sortir. Le Kami Ame no Uzume no Mikoto reconnue en tant que déesse des festivités et ancêtre des prêtresses Miko exécuta une danse, tenant dans chaque main une branche de bambou. Suscitant la curiosité d’Amaterasu, cette dernière esquissa un regard à l’extérieur, permettant ainsi aux autres Kami de la faire sortir.

Uzume no Mikoto dansant près du feu – Extrait de la série « La grotte de la source » par Totoya Hokkei (1780-1850)

Source : Domaine public.

Passée cette mise en contexte, place au spectacle dont vous pouvez découvrir quelques extraits ci-dessous.

Vous aurez sans doute remarqué qu’à plusieurs reprises les danseurs ponctuent la danse par « Yattosa » (ヤットサー) ! En retour, les danseuses leur répondent « A Yatto, Yatto » (あ、ヤット、ヤット). Le sens des paroles signifierait « Cela fait longtemps que l’on ne s’est pas vus, comment ça va ? ». Il s’agit de l’un des appels les plus fréquemment entendus dans la danse d’Awa bien qu’il en existe d’autres.

 

À la fin de la performance, les spectateurs sont invités à rejoindre la troupe et à s’essayer à la danse. C’est une expérience vraiment agréable dans laquelle la danse dépasse les frontières, les barrières culturelles. Les sourires se dessinent sur les visages et on se laisse facilement emporter par l’ambiance chaleureuse et pleine d’énergie !

 

Enfin, il est intéressant d’ajouter qu’une troupe différente se produit chaque soir, apportant avec elle ses spécificités en termes de chorégraphie, de costumes et d’accessoires. Ainsi est donnée à tout un chacun l’occasion de découvrir les éléments distinctifs de chaque Ren.

 

Êtes-vous prêt à tenter l’expérience d’un mois de danse d’Awa ? 

Cet article plus court que d’habitude arrive bientôt à son terme mais si vous vous rendez à Tokushima, promenez-vous dans les rues de la ville et vous verrez que les références à cette danse sont très nombreuses et témoignent de la popularité de cette tradition !

Dans le prochain article dédié à Tokushima, nous vous emmènerons dans un atelier de teinture Indigo et nous partirons ensuite à la rencontre du céramiste Naoki Onishi (大西直紀).

 

Une fois encore, je remercie Ayaka Sakamoto pour son accompagnement irréprochable, son éternelle bonne humeur ! Visiter Tokushima constituait un rêve qu’elle me permit de réaliser et je lui en suis extrêmement reconnaissant !

 

Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter les liens ci-dessous :

 

Ayaka Sakamoto, guide francophone :

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Awa Odori Kaikan :

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-          Site Internet : 阿波おどり会館|いつでも楽しめる阿波おどり|徳島市 (awaodori-kaikan.jp)

 

Troupe Sasaren :

-          Instagram : 阿波おどり振興協会 さゝ連 (@sasaren.official) • Photos et vidéos Instagram

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